Difficile de ne pas penser à ce qu’il se passe en ce moment en Ukraine.
Notre humanité prend un coup.
Encore.
Je ne vais pas entrer ici dans un débat géopolitique qui oppose l’Ukraine et la Russie.
Ni te parler de guerres.
J’ai ma propre opinion mais je suis loin d’être le mieux placé pour prendre la responsabilité de parler de ce sujet si sensible dans un article.
Néanmoins ce dont je peux te parler c’est d’autodéfense intellectuelle.
Ou en d’autres termes d’esprit critique.
Quand tu apprends qu’une telle situation se passe dans le monde,
Ton 1er réflexe c’est de vouloir savoir ce qu’il se passe.
Pourquoi ?
Comment ?
Qui ?
Tu veux t’informer.
Aujourd’hui ce sont les réseaux sociaux qui dominent les médias dans cette course à l’information.
Un ami poste un statut,
Une amie commente,
L’ami d’un ami like,
Et une autre partage.
Avec chaque nouveau réseau social qui voit le jour,
Et les médias qui surrenchérient,
Tu te retrouves submergé d’informations.
Ce qui m’interpelle le plus aujourd’hui dans ce genre de situations c’est à quel point nous ne prenons plus le temps de VRAIMENT nous informer.
J’ai plus l’impression que c’est un challenge.
« Yes! Je suis le premier à avoir partagé l’info ! »
« Je suis un peu un influenceur, non ? »
Je dis ça car je me suis senti dans la peau de cette personne auparavant.
C’était plus important pour moi de partager une info que d’aller la vérifier.
Le problème de cette course à l’info,
C’est qu’on perd une faculté vitale pour l’être humain :
Notre esprit critique.
Celui qui te protège.
Celui qui laisse place aux doutes.
Celui qui permet d’éviter un désastre.
Avoir un esprit critique,
Ce n’est pas critiquer l’opinion des autres.
Ce n’est pas être forcément en désaccord.
Ce n’est pas être dans la négativité.
Avoir un esprit critique,
C’est ralentir avant d’agir,
C’est de l’autodéfense intellectuelle,
C’est toujours vérifier sa source d’information.
Voilà une habitude que j’essaye de prendre :
→ Toujours confronter une version à une autre.
→ Toujours confronter un nouveau point de vue à un autre.
Surtout si cette nouvelle information peut :
→ Impacter mes émotions,
→ Impacter mon quotidien,
→ Ou impacter le monde.
Pourquoi l’on perd cette habitude ?
La 1ère raison, notre biais psychologique :
Nous faisons confiance à la personne qui a le plus d’authorité.
C’est la 1ère chose que tu finis par comprendre quand tu travailles dans le marketing et la communication.
Tu fais confiance à un ami,
Tu fais confiance à la foule,
Tu fais confiance à une personne avec une blouse blanche et un stéthoscope,
Sauf que l’erreur est humaine.
Même pour la personne qui a fait 8 ans d’étude.
Un autre biais psychologique :
La consistance des propos.
Connais-tu cette astuce des politiciens à te confronter pendant un moment à des idées saines avant de soulever une nouvelle idée un peu douteuse ?
Ton cerveau aura tellement pris l’habitude d’acquiescer les idées saines,
Qu’il ne verra que du feu lorsqu’une idée douteuse viendra s’y insérer.
Le dernier biais psychologique :
Nos croyances.
A force de croire à quelque chose,
Tu finis par ne plus distinguer le vrai du faux.
Tu sais, c’est quand tu sors une vérité,
Mais tu ne sais plus quand, ni comment tu l’as apprise.
“L’Amazonie, je n’y suis jamais allé,
Mais à ce qui paraît c’est très dangereux !”
Le pire avec ce genre de croyances c’est lorsque tu tombes sur un groupe de personnes qui pensent comme toi.
Adieu l’esprit critique.
Alors, comment faire ?
Tout simplement en développant (un peu plus) son sceptisme.
→ Commence par te poser des questions sur le contexte :
”Qui a dit ça ? D’où provient cette info ? Comment il sait ça ?“
→ Distingue ensuite les faits des interprétations :
”Il s’est passé quoi exactement et pourquoi ?”
→ Crée-toi une hypotèse contradictoire :
”Il m’a dit ça, mais si l’inverse était vraie ?”
Demande toi ensuite si cette hypothèse peut-être autant vraie que ce qu’on vient de te dire.
Il y a un principe qui s’appelle : le rasoir d’Ockham.
Ce principe consiste à éliminer les hypothèses superflues et de se dire que le raisonnement le plus probable est le plus simple.
“Pourquoi cette fille ne me rappelle pas ?
”Elle a peut-être perdu son téléphone.”
”Elle doit être occupée par son boulot.”
”Elle a certainement oublié.”
Ou alors, elle n’a juste pas envie.
L’avantage de cette course à l’information c’est que tu as de quoi faire pour :
Fouiller,
Lire,
Ecouter,
Confronter,
Apprendre,
Comprendre.
Bon, ok.
Ça demande de faire un certain effort.
Et attention,
Je ne te dis pas non plus qu’il faut douter de tout,
Et devenir la personne la plus méfiante.
Mais bon,
En même temps, c’est toujours mieux de se tromper après avoir était méfiant que de se rendre compte d’avoir été mené en bateau depuis un moment.
Tu n’as pas besoin de devenir journaliste pour développer un esprit critique.
Juste prendre l’habitude de te rendre sur Google pour vérifier,
C’est déjà une bonne façon d’agir.
A demain,
J.
PS : voici un livre que j’ai ressorti dernièrement et que j’avais lu il y a quelques années : Manuel d’Autodéfense Intellectuelle de Sophie Mazet.
Je te le recommande !
Photo utilisée sur le site par Afif Kusuma sur Unsplash